Historique de la tribu des B. Zoundaï
Publié le 11 Février 2014
Origine et signification du nom :
Le nom Zoundaï est d'origine berbère et n'est plus utilisé, sa signification serait "maquis" en Kabylie. Ce nom est retrouvé près de Médéa, où on lui donne pour origine "azoun dai" qui se traduit par "Ils ont planté ici".
« Irraguen » est un nom berbère ancien donné à un endroit maintenant recouvert par les eaux du barrage, il signifie région brumeuse. Un autre nom berbère était donné à ce même lieu Azeraguene, pluriel de Azrag qui signifie passage, chemin étroit, ce mot est interprété par certains comme voulant dire endroit où se rencontrent un ensemble de routes. Effectivement d'Erraguene on peut aller à Ziama Mansouriah, Selma et Aïn Sebt. Les Anciens de la région utilisent encore le nom d'Azerraguene, ce nom a remplacé ceux de Souk El-Khemis ou encore Souk Beni Zoundaï.
Irraguen à travers l'histoire:
La région d'Irraguen renferme de nombreuses ruines romaines telles que des pierres carrées et rectangulaires, et plusieurs tombes creusées dans la pierre, nous y trouvons aussi un lieu portant le nom de marché des Romains à Bida. D'après ce que nous savons, la domination romaine, qui fut menée par la force, a fait pesé sur les familles une imposition, tellement contraignante, qu'elle amena un chef berbère nommé Zoulday (Zounday) ainsi que les siens à s'exiler au pied du mont Tababort pour s'en affranchir. De nos jours, la région où ils s'étaient installés est connue sous le nom de Beni Zoundaï, leur descendants par celui de El-Zoundaoui. Nous retrouvons dans la plupart des lieux d'Irraguen des mots amazighs tels que «Azreg», «Aghled», «Agounès» et d'autres, ce qui suggère l'origine berbère de la région.
Moyen-âge:
Les Beni Zeldoui ou Beni Zendoui sont décrits comme étant une branche des Meloussa issus de Ayan fils de Gharsen fils de Koutam l'ancêtre de la tribu des Kutama.
Xème s. Les Beni Zeldoui auraient été les premiers à recevoir le da'i chiite Abou Abdallah, de son propre avoeu, il leur enseigna le credo ismaélien en les préparant à l'apparition de l'imam El-Mehdi, futur premier calife des Fatimides.
Ils sont cité, ensuite, par divers auteurs comme localisé dans la même région tout au long du Moyen-âge (El-Idrissi, El-Omari, Ibn Khaldoun). Ils font partie des Kutama restés dans leur montagne, après le départ des Fatimides en Egypte.
Seule la contrainte permettait aux Hafsides de lever l'imposition, les Beni Zeldoui étaient tous armés jusqu'aux plus jeunes d'entre eux.
Période ottomane :
Durant cette période, les Beni Zoundai vécurent en total indépendance.
1797, répression féroce de Mostafa Bey El-Ouznadji contre les turbulentes tribus montagnardes des Bibans et des Babors. Dès que les turques beycales quittèrent les lieux, elles reprirent les armes pour s'attaquer à la garnison de Zemmoura et l'obliger à restituer une partie du butin saisi.
En 1806, Belahrèche, avec l’appui des Beni Zoundai, Ouled Salem, Ouled Salah et Beni Aziz, envahit la région fertile des Dehamcha, la mit au pillage et fit décapité ses cheikhs; mais les troupes de Constantine accoururent au secours de ces indigènes, surprirent le chérif dans son camp de Bou Redine, chez les Richïa, firent un grand massacre de ses partisans, et le forçèrent à se réfugier dans le massif du Babor1.
Période française :
1853 Mouvement insurrectionnel, avec pour origine les Beni Idder, reprimé par le Mal Randon.
1861 La tribu est inclue dans le khalifa du Babor, confié à Ahmed ben Derradji.
En 1864, la tribu fut fractionnée, la partie Nord (El-Gueroua, Bida, Ouled Bourenane, Lehdebla, Adjemaane, Akmache, Aïn Diba) forma Beni Zoundaï-Dahra, la partie Sud (Laamarcha, Soualma, Hmada, Kouklass, Mzahda) devint Beni Zoundaï-Quebala2.
1865 Dans la région du Babor, les Richïa et Beni Zoundaï refusèrent de payer l’impôt, ce qui fut à l’origine d’un mouvement qui s’étendit vers l’ouest. Répression dans tous les Babors, entamée par le Gal Peugeot. Les Beni Zoundaï, qui avaient donné le premier signal de la révolte, furent durement punit3.
1871 Insurrection de la région des Babors, sous la direction du Cheikh Aziz, qui fut battu par le Gal De La Croix. (Le Cheikh Aziz était le cheikh de la tariqa Rahmanïa qui fut à l'origine de nombre de mouvements de résistance. En effet une partie des B. Zoundaï étaient affiliées à la zaouia du cheikh Ben Sahnoun située à Ighzer Amokrane, près d'Akbou, les autres à celle du Cheikh Hamlaoui à Telaghma).
La section des Beni Zoundaï-Dahra devient douar des Beni Zoundaï avant d'être regroupée avec celle des Beni Medjaled-Dahra pour former la commune d'Erraguene.
1958 Pendant la période coloniale française, les autorités ont fait d'Irragen une base arrière, autour de laquelle ont été construits des tours d'observation militaires et un quartier en préfabriqué pour les personnes âgées en s'appuyant sur la main d'oeuvre locale. Les habitants de la région ont été rassemblés et placés dans des camps avec l'intention de les isoler des événements de la révolution et de l'armée de libération. C'est dans ce contexte que débutèrent les travaux de construction du barrage hydro-électrique d'Irraguen.
1962 Indépendance de l'Algérie.
1991-2002 Décénnie noire, la plupart des habitants migrèrent, notamment, à Alger. Par la suite une partie d'entre eux retourna chez elle, pour y vivre du travail de leur terres.
Sources:
1 Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830)
2 Louis Rinn, Histoire de l'insurrection de 1871 en Algérie, 1891
3 Louis Rinn, Revue africaine 1898, Le royaume d'Alger sous le dernier Dey, Beylik Qsantina
4 Magali Zurcher, La pacification et l'organisation de la Kabylie orientale de 1838 à 1870, 1948.